[Dossier]: Le Joola, dix-neuf ans déjà !

[Dossier]: Le Joola, dix-neuf ans déjà !

Il y’a 19 ans de cela, c’est déroulé l’événement maritime le plus tragique de l’histoire du Sénégal. Embarquant à Dakar avec 861 passagers au départ, le Joola fera ainsi escale à karabane. Au moment de prendre la mer pour Ziguinchor, le bateau comptabilisait 1046 passagers mais malheureusement, le Joola ne verra jamais Ziguinchor. En cette date du 26 Septembre 2021, nous revenons pour vous sur cette tragique histoire qui aura marqué l’histoire du Sénégal.

À cause des multiples attaques de rébellion signalées dans la route qui relie dakar à la région sud sénégalaise en passant par la Gambie, les gens ont notamment préféré voyager en mer. C’est la rentrée scolaire et universitaire, de nombreux élèves et étudiants doivent  rejoindre Dakar. Après une année d’immobilisation pour soucis technique et état déplorable; le bateau reprend du service le 13 septembre 2002, fonctionnant avec un seul moteurs sur deux. Il accueille ainsi 861 passagers dont 52 militaires de l’équipage pour une capacité de 580 personnes. Arrivée à Karabane, seule escale portuaire, le Joola quitte l’île avec 1046 passagers; sans compter les usagers qui voyagent sans billets avec un seul canot de sauvetage. 

 

« Le Joola s’est levé et à commencer à couler tout doucement »

Lors du voyage, vers 23 heures un orage habituel pendant la saison hivernal menace. C’est ainsi que la foule des passagers dormant sur les ponts se précipite subitement à bord. Les véhicules et les marchandises, provoquent par ailleurs un déséquilibre. En plus du surcharge, des conditions climatiques, une erreur fatale du capitaine n’a fait qu’aggraver la situation. Après les nombreux appels à l’aide sans succès, en plus du manque de moyens de communication à bord et depuis son dernier message radio à 22h; personne ne s’inquiète du silence du Joola. Pendant ce temps, le navire sombra en moins de 10 minutes dans les côtes gambiennes. 

« Le bateau s’est levé, n’est pas revenu à sa position normale et s’est renversé doucement, tout doucement. Cela s’est passé très vite; le bateau s’est retourné en quelques minutes », témoigne un rescapé français.

 

Joola : un bilan bien plus grave que prévu

Certains rescapés ont pu s’agripper sur la coque du navire renversé. Plus de 7 heures d’attentes quant subitement, ceux-ci aperçoivent un espoir de rescousse. Se sont des piroguiers. Il est sept heures du matin quand ceux-ci donnent l’alerte et recueillent les premiers rescapés. La Marine nationale n’arrivera qu’à 18 heures. Trop tard ! Seules soixante-quatre (64) personnes seront sauvées de ces eaux froides de l’Atlantique. Les autres sont portés disparus. 

Au total, la catastrophe a fait, selon les statistiques de l’Etat, 1863 morts dont 18 Français. Officieusement on dénombre 2.133 morts et disparus dont 608 corps retrouvés.

À l’annonce de cette tragédie, le Sénégal vient d’enregistrer sa plus grande catastrophe maritime. Des milliers de familles sont touchées, les cœurs sont remplis d’amertume. L’information circule rapidement partout dans le monde.

Cependant, après quelques enquêtes et témoignages des rescapés, la thèse d’une tempête fût réfutée, laissant place à une négligence et une défaillance technique.

 Omar Diop un rescapé et témoin des faits confirme.« S’il y avait une tempête, on n’aurait pas eu la possibilité de nager jusqu’à 30 mètres du bateau et revenir pour sauver d’éventuels rescapés ». Il signale plutôt une défaillance technique, la surcharge excessives et l’arrivée tardive des équipes de secours.

Une affaire classée sans suite

Sidérées, certaines familles des victimes décident ainsi de porter plainte contre l’État sénégalais pour négligence. C’est ainsi que l’association des familles des victimes du Joola est créée. Une marche sera organisée par les concernés en direction du palais de la République le 28 septembre 2002.

Malheureusement, le dossier pénal sera classé sans suite. En 2017, Idrissa Diallo, représentant du comité d’initiative pour l’érection du musée mémorial du Joola declara « ce que je recherche c’est la vérité . Aucune enquête judiciaire n’a été ouverte et quinze ans après le gouvernement sénégalais n’a toujours pas produit de liste officielle avec les noms des victimes ». Il poursuit « il y a encore au moins un millier de corps enfermés. Le bateau a beaucoup de choses à raconter. Je pense qu’ils refusent de le sortir; car c’est le corps du délit, celui qui révélera leurs mensonges, sur le nombre de victimes . 

Du côté de la France, Etienne Rosenthal avocat de l’association des familles des victimes du Joola dénonce ainsi avec frustration que « c’est un déni de justice ». « Les familles de victimes françaises n’ont rien pu faire au Sénégal à cause du classement sans suite immédiat pour des raisons politiques à l’époque de Wade. En France, on leur a laissé entendre pendant près de 12 ans que justice serait rendue. Finalement, on nous prive de débat. Je vois ainsi cela comme une porte que l’on claque sans aucune motivation », ajoute il. 

Sidiki Kaba  » des réponses seront apportées sur la détermination des responsabilités juridiques « 

Aujourd’hui, comme chaque an, une cérémonie de commémoration est organisée. Présidé par le ministre des forces armées, Me Sidiki Kaba, il rassure entre autres que des réponses seront apportées. Notamment sur la détermination des responsabilités juridiques et administratives du naufrage.

Il promet également l’inauguration du mémorial musée joola à la 20e anniversaire. Il prend à cet effet en compte le renflouement de l’épave du Joola; de la détermination des responsabilités juridiques et administratives du naufrage. Mais aussi du vote d’une loi, instituant le 26 septembre «Journée de souvenir» des naufragés du Joola« .

Nonobstant, cette année coïncident avec le grand magal de Touba, une journée de prières. Nous prions ainsi pour un repos éternel de leur âme au Paradis.

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